Une dizaine de jours étaient passé depuis l’explosion des deux bombes au Mercy Hospital & Medical Center, depuis ce jour l’amitié que j’avais avec Aaron était bien compromis, il était le lieutenant de mon petit frère, même si j’avais été présent au moment du décès de Nick, je ne pouvais pas m’enlever de la tête qu’il aurait dû essayer de l’aider au lieu de me repousser de lui et l’emmener en dehors du bâtiment. J’étais bien conscient qu’il ne pouvait rien faire pour mon frère, je le savais, mais je ne pouvais pas encore l’admettre, je n’arrivais pas à me dire que je ne le reverrais plus jamais lui aussi, après ma mère et mon père, ça commençait à faire beaucoup trop pour moi. « Evans avec moi ! » Ce genre d’intervention, j’avais l’habitude de les faire avec Aaron, mais quand je voyais comment il avait pris soin de Nick, je refusais de faire équipe avec lui. Je me dirigeais vers le camion, pour monter sur l’échelle avec l’homme qui me était mon coéquipier pour cette intervention, en arrivant vers la fenêtre, je prenais mon hooligan donnant un coup sur la vitre pour venir la casser, passant mon masque à oxygène sur le visage, j’entrais dans le bâtiment en flamme. « C’est les pompiers, si vous nous entendez criez ! » La fumée était beaucoup trop importante pour avoir une vision claire a plus d’un mètre de nous, baissé vers le sol, on avançait avec l’aide des caméras thermiques. « Ellis, j’ai quelqu’un ! » D’après ce que l’homme nous avait dit en vas, il y avait deux personnes dans cette pièce, je laissais mon coéquipier s’occuper de la première personne, continuant pour ma part d’inspecter le troisième étage. Après quelques minutes, je m’accroupissait au sol, lâchant la caméra que j’avais dans les mains, pour les déposer, sur l’homme inconscient, le prenant dans mes bras, je venais rejoindre la fenêtre et laissé un de mes hommes prendre le relai pour le descendre, mes deux mains sur le rebords de la fenêtre, je tournais mon regard derrière moi, le bruit sourd que je venais d’entendre, ne me laissais présager rien de bon, mais je ne pouvais pas rejoindre l’échelle tant que Evans n’était pas redescendu un peu plus avec la victime. Les choses se faisaient plutôt bien, le dernier moment que j’avais pour quitter les lieux, était celui où l’appel d’air ce faisait au niveau de l’endroit où je me trouvais, je sautais un peu à l’aveuglette pour m’éviter de recevoir les flammes dans le dos. En venant m’accrocher à l’échelle, ma main droite était venue déraper après une forte douleur à l’épaule, les pieds dans le vide avec seule ma main gauche qui me retenait, je sentais rapidement un de mes hommes venir me rejoindre pour m’aider à revenir correctement, avant de redescendre, pour toucher les pieds au sol. « Michael, j’aurais dû venir avec toi ! » Oui il aurait dû, mais je ne voulais pas faire équipe avec lui, ses derniers temps, dès que l’on se parlait ça finissait toujours par partir sur un ton agressif, nul besoin de préciser que j’étais toujours le premier à le faire. « Le jour où j’ai envie de mourir, ne t’inquiète pas, je ferais équipe avec toi ! » Je n’étais pas tendre avec lui, retirant le masque que j’avais sur le visage, ainsi que mon masque, je le regardais droit dans les yeux, s’il fallait en arriver aux mains avec lui, j’étais prêt à le faire, et vu l’écart qui réduisait entre nous, on en était pas loin. Les membres des deux équipes venaient nous reculer l’un de l’autre. Après cet incident, j’étais venu rejoindre le camion des secours, retirant ma veste que je posais à l’intérieur, je passais ma main gauche sur mon épaule droite pour venir la masser, j’étais incapable de savoir pourquoi j’avais mal, mais c’était supportable. Après plusieurs minutes, on se retrouvait au sein de la caserne 51, j’avais envie de dire, enfin à la maison, descendant du véhicule et retirant le treillis, je me dirigeais vers ce qui était notre Q.G., en arrivant vers la cuisine, j’attrapais une tasse pour venir y verser du café à l’intérieur, avant de retourner dans la pièce principal et m’assoir à la table des secours, ça faisait longtemps que la caserne n’avait pas connu, cette distance entre l’échelle et les secours, mais depuis les deux bombes à l’hôpital, les choses avaient quelque peu changé.

Je savais très bien que mon comportement n’était pas celui qu’on avait l’habitude de voir au sein de la caserne, avec Aaron on avait mis un point d’honneur tous les deux à ne pas mettre en rivalité l’échelle et les secours, et pourtant depuis une dizaine de jours, j’étais en train de le faire. La colère que j’avais contre lui je n’arrivais pas à la contrôler, et il m’était impossible de passer au-dessus, il me fallait un coupable dans le décès de mon petit frère, et pour le moment le seul que j’avais sous la main c’était Aaron. En arrivant à la table des secours, je venais boire deux gorgées de mon café avant de déposer la tasse devant moi, mon regard venait ce tourné vers mes hommes qui étaient venu prendre place avec moi. « Merci Evans pour tout à l’heure. » Je ne savais pas vraiment si j’aurais pu revenir sur l’échelle sans son aide, je n’arrivais pas encore à comprendre comment je m’étais débrouillé pour venir me faire mal à l’épaule en venant m’accrocher avec ma main droite, si pour le moment la douleur était juste gênante, sur le moment elle avait été tellement forte que je n’avais pas pu faire autrement que lâcher directement. « [color:46b6=# cccc33] C’est normal lieutenant. Vous êtes prêt pour commencer la partie ? » Un sourire aux lèvres, je venais hocher la tête positivement, avant de venir prendre les deux cartes qu’il venait de me distribuer, c’était régulièrement que pendant le temps de libre, on se retrouvait pour ce faire un poker tous ensemble. Le retour de l’ambulance venait d’arriver, mon regard ce déposait sur les deux filles qui venaient de revenir de l’hôpital, un sourire aux lèvres, je venais attraper deux de mes jetons avant de les jeter au milieu de la table pour relancer. Mes cartes posé sur la table tournée de façon à ce que personne ne les voit, je venais attraper ma tasse pour boire à nouveau alors que Jacklyn était venu nous rejoindre. Le ton sur lequel elle était venu me parler n’évoquait rien de bon, mon regard déposait sur elle, je n’avais pas le temps de réagir que mes coéquipiers ce levaient de leurs chaises pour nous laisser tous les deux, c’était assez impressionnant comme la jeune femme pouvait leur faire peur par moment, c’était le genre de situation qui m’amusait, même si je savais bien que vu le ton qu’elle avait eu, la conversation n’allait pas être une partie de plaisir pour moi. « Vas-y assieds-toi, je t’écoute. » Reposant la tasse sur la table, je venais me redresser sur ma chaise, ne quittant pas la jeune femme des yeux, attendant ce qu’elle avait à me dire et les raisons qui faisait qu’elle était énervé contre moi.

Jacklyn venait commencer à parler, j’avais bien vu juste en me disant qu’elle était énervé contre moi, dans sa question elle me le confirmait, mais je n’avais pour le moment aucunes idées des raisons de cette colère à mon égard, mon regard ne bougeait pas d’un fil, j’aurais bien voulu reprendre la parole, lui demander de quoi elle était en train de me parler, mais l’attente fut beaucoup moins longue que prévu, n’ayant pas le temps d’ouvrir la bouche pour parler, la jeune ambulancière avait repris la parole, je reprenais mon souffle lorsqu’elle était venu parler de Smith, je comprenais mieux tout d’un coup le comment du pourquoi, mais je ne voyais pas vraiment en quoi toute cette histoire la concernait réellement. « Ce qui ne mènera à rien c’est cette conversation. » Je n’étais pas encore prêt au dialogue sur cette conversation, j’étais bien conscient que beaucoup de monde avait souffert de l’explosion de ses deux bombes, je n’étais pas le seul à avoir perdu quelqu’un, mais c’était le dernier membre de ma vraie famille que je perdais, vingt ans après avoir perdu mon père dans un incendie, même si j’avais la présence et le soutiens de toutes les personnes de cette caserne et de ma meilleure amie, je n’étais pas prêt pour revivre un nouveau deuil, je ne m’en sentais pas capable, et il était plus facile pour moi d’en trouver un coupable que d’accepter la réalité. Attrapant ma tasse dans ma main je venais boire une gorgée du café, laissant la jeune femme reprendre la parole, mon regard était venu se replacer sur elle en moins d’une fraction de seconde, en quoi elle me donnait l’ordre, parce que s’en était un, d’aller présenter mes excuses à Aaron ? En reposant la tasse sur la table je n’avais pas pu m’empêcher de venir afficher un sourire nerveux aux coins des lèvres, ce sujet était beaucoup trop sensible encore, je n’étais pas prêt à en parler et tout ce que cela comprenait le décès de mon frère en faisait partie, toutes personnes me poussant sur la conversation savait à quoi s’en tenir, surtout après m’avoir vu à plusieurs reprises m’en prendre à Smith depuis la mort de Nick. « Tu crois vraiment que je vais aller m’excuser parce que tu me dis de le faire ? Je n’ai absolument aucune excuse à donner à Smith, que les choses soient bien claire, il fait partie de l’équipe de l’échelle, chaque personne à sa place, c’était à un de mes hommes de venir avec moi, pas à lui. S’il n’est pas capable de l’accepter c’est son problème. » Depuis que Jacklyn était arrivé à la caserne j’avais appris à la connaitre, et beaucoup d’entre nous avait bien remarqué qu’elle n’avait pas peur de pousser la gueulante ou de dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas, mais en s’aventurant sur ce terrain je n’étais pas prêt de la laisser avoir raison, j’étais maitre de mes actes, je les assumais tous sans exception, et le fait d’en vouloir à Aaron en faisait partie, il n’y avait que moi qui pourrait me convaincre que je devais arrêter d’agir ainsi avec lui personne d’autre ne le pourrait. Lorsque la jeune ambulancière était venu me parler de ce qu’aurait voulu mon petit frère ou pas, mon sang ne faisait qu’un tour, ça devait surement ce voir dans mon regard que le chemin qu’elle avait choisi de prendre me faisait monter les nerfs à vifs, je ne pouvais pas empêcher les gens de cette caserne de parler de lui, au contraire ça me faisait plaisir de savoir qu’il était dans la tête de certains d’entre eux, mais j’avais beaucoup de mal ave ce genre de phrase, comment les membres de cette brigade pouvaient mieux connaitre ce qu’aurait voulu mon frère plutôt que moi ? Me redressant sur ma chaise, mon regard ne quittait pas celui de Jacklyn, mes mains reliaient l’une entre elle mes bras déposé sur mes jambes je venais reprendre la parole sèchement, laissant ma colère répondre à ma place, haussant du coup par la même occasion un peu le ton. « Est-ce que c’était ton frère MacAllister ? Parce que si c’est le cas j’aimerais bien le savoir ! Personne … Personne ici peu me dire ce qu’aurait voulu ou non mon frère ! »

Dans le fond je savais très bien que Jacklyn avait raison dans ce qu’elle me disait, mais il était hors de question que je me lève de cette table pour aller présenter mes excuses à Aaron, il était vrai que depuis les deux explosions au Mercy Hospital & Medical Center, la presse et les habitants apportaient une grande importance au travail fournis par les pompiers, on avait été nombreux à être appelé sur le terrain pour venir en aide aux victimes et les sortir des décombres, les équipes qui n’étaient pas de garde ce jour-là avait dû se rendre en urgence sur les lieux pour venir apporter un coup de main tellement les dégâts étaient trop important. « Si Smith avait accepté de rester à sa place et de ne pas venir me voir pour me dire que c’était à lui d’intervenir avec moi, je ne lui aurais pas adressé la parole et les gars n’auraient pas eu besoin d’intervenir. » Je marquais un cran d’arrêt, laissant un court instant de silence avant de reprendre la parole à nouveau. « Cinquante-et-un pompiers sont mort pour venir en aide aux victimes le jours des attentats, c’est malheureux mais c’est pendant ce genre de jour tragique comme celui-ci que ce fait notre image. » De parler de mon frère était pour moi un sujet sensible, depuis son décès moins je pouvais en dire sur lui, mieux je me portais, j’avais réussi jusqu’à présent à éviter chaque discussion le concernant, mais je savais qu’avec la jeune femme je n’allais pas pouvoir y échapper, je m’étais énervé lorsqu’elle avait parlé de ce qu’aurait voulu Nick ou non, ça avait été plus fort que moi et mon côté impulsif était ressortis sur ce coup-là, le fait que Jacklyn garde son calme, me refaisais redescendre d’un cran, je venais reposer mon dos contre le dossier de ma chaise, mon regard ne quittant pas la chef ambulancière. « Parce que tu crois vraiment qu’il approuverait que son lieutenant ne prenne même pas la peine de lui apporter les gestes de premiers secours pour essayer de le sauver ? Nick avait de l’admiration pour Smith, il était son modèle parce qu’à ses yeux il ne pouvait pas commettre la moindre erreur… Le seul jour où mon frère a eu besoin de lui, il n’a pas bougé d’un centimètre pour l’aider, et quand il a réagi c’était pour m’arrêter dans le massage cardiaque que je lui faisais. » Les mains de Jacklyn sur les miennes, je baissais mon regard dessus, je devais accepter de faire mon deuil, mais c’était surtout m’avouer que je ne le reverrais plus jamais, et aussi tout au fond de moi un peu de peur de retrouver mes vieux démons que j’avais vécu après la mort de mon père. Je venais relever une de mes mains pour la passer sur mon épaule droite avant de reprendre la parole. « Je m’en fou si j’agis comme un con, j’arriverais vraiment à passer au-dessus de toute cette histoire, quand Smith sera capable de me regarder dans les yeux et de me dire qu’il a été assez lâche pour ne pas apporter la moindre aide à mon frère, et qu’il est en partie responsable de sa mort. »

Jacklyn était en train de dire toute la vérité, effectivement que j’étais dans le déni, mais ça aussi je ne pouvais pas l’admettre, mon frère me manquait et je n’arrivais pas à me dire que je ne le reverrais jamais, c’était impossible pour moi de croire que c’était la vérité, après je n’étais pas vraiment d’accords avec son raisonnement, et si la jeune ambulancière cherchait à me faire comprendre que j’étais en tort dans mes paroles et mes gestes envers Aaron, là elle aurait beaucoup de travail, parce que j’étais loin de penser la même chose qu’elle, et généralement une fois que j’ai une idée en tête, je ne l’ai pas ailleurs comme on le dit si bien. En l’entendant me dire que tout le monde savait que mon frère était mort à part moi au moment où j’étais venu lui faire un massage cardiaque, mon regard ce déposait sur elle et il était bien loin de ceux que j’avais l’habitude de partager avec Jacklyn, depuis la disparition de Nick, c’était la première fois que je parlais autant de lui, et malheureusement, ce n’était pas dans ce sens-là que j’aurais aimé que les choses se passent. « Donc j’aurais dû regarder mon frère mourir sans rien faire ? Si tout le monde ici est capable de le faire pas moi, j’ai vu mes parents mourir sans pouvoir leurs venir en aide, Nick était la dernière personne de ma famille, et j’aurais dû refaire exactement la même chose ? » Lorsque mon petit frère était venu nous rejoindre à la caserne, j’avais été fier de lui, c’était un des plus beaux jours de ma vie, mais aujourd’hui, je me demandais vraiment, s’il aurait suivi cette voix si je n’avais pas été pompier. La jeune femme me connaissait, moins bien que sa coéquipière qui était ma meilleure amie, mais quand il fallait me secouer la tête pour me faire ramener les pieds sur terre elle savait y faire, mais sur cette tâche-là, les choses allaient être beaucoup plus difficile pour elle. En l’entendant parler de ma culpabilité sur ce qui c’était passé, je venais passer une main sur mon visage, cette conversation commençait sérieusement à me toucher, c’était comme si plus ça durait, plus ça me montrait que plus jamais je ne le reverrais passer les portes de la caserne. « La seule culpabilité que j’ai, c’est d’avoir cru que Smith serait capable de protéger mon frère lorsqu’il était de garde. » Ma main sur mon épaule, je venais faire plusieurs points de compression avec mes doigts pour venir masser doucement, si la douleur n’était pas importante, elle restait tout de même gênante mais je pensais sincèrement qu’elle ne resterait pas bien longtemps présente. Je n’arrivais pas à comprendre comment Jacklyn pouvait me dire que je devais être reconnaissant envers Aaron, pour m’avoir retiré de mon frère ? Même si elle disait vrai, et que je ne pouvais rien faire pour l’aider, il fallait que j’essai, je n’aurais pas pu accepter l’hypothèse de le laisser mourir sans rien essayer, et j’attends ce genre de soutien de la brigade, surtout de la part du lieutenant de mon frère. « Tu ne voudrais pas non plus que je me mette à ses pieds et que je le remercie ?   » Mon ton était sarcastique, je ne souhaitais qu’une chose, que la conversation change de sujet, parce que je n’avais qu’une envie, ne pas rester ici et me permettre de défouler toute la colère que je venais d’avoir, en entendant la jeune femme, me parler d’Aaron, même si elle disait la vérité, je n’étais pas encore prêt à l’entendre. En la voyant ce relever pour venir vers moi, je fronçais les sourcils, me demandant ce qu’elle faisait et j’eu la réponse rapidement quand elle me disait vouloir regarder mon épaule. « Ce n’est pas la peine, merci.   » Je quittais la jeune ambulancière du regard, pour me tourner vers la table, afin de venir prendre ma tasse en main et venir terminer le café qui était à l’intérieur, j’espérais vraiment qu’elle n’allait pas désormais insister pour regarder la douleur que j’avais à l’épaule.

« Jack, c’est notre boulot, que ce soit lui ou moi, on est responsable de nos gars. Avec ce qu’il se passait ce jour-là, Smith aurait dû faire beaucoup plus attention. » Mon regard ne quittait pas la jeune ambulancière, j’étais assez connu pour être borné et savoir me trouver des réponses même quand je me retrouvais en tort, et une fois encore c’était le cas, depuis le décès de mon frère, c’était le genre de sujet sensible, en temps normal j’aurais eu le même discours que Jacklyn, mais il était encore trop tôt pour moi, pour l’admettre et reconnaitre mes torts dans ma réaction. A ma réponse qu’elle venait me donner, concernant le fait que je devrais aller me mettre aux pieds d’Aaron et le remercier pour son geste, je ne pouvais pas m’empêcher d’afficher un sourire sur mon visage, bien loin d’être sympathique il était plutôt nerveux, et grandement sarcastique aussi je devais bien l’avouer. « Je n’irais pas le voir, ni pour me mettre à ses pieds, ni pour le remercier, et tu pourras dire ou faire tout ce que tu souhaites ça ne changera rien du tout. » J’espérais vraiment qu’elle comprenne que cette conversation devait prendre fin maintenant, je n’avais aucune envie de laisser mes émotions prendre place, ou encore m’énerver pour ne pas avoir à craquer ici dans cette caserne. En voyant MacAllister passer derrière moi, je me doutais bien qu’elle ne lâcherait pas l’affaire concernant ma douleur à l’épaule, mais jamais je n’avais pensé qu’elle viendrait directement poser son pouce pour appuyer à l’endroit où ça me faisait mal, sous la douleur ma tasse était venu m’échapper, pour renverser le restant de café sur mon haut, reculant dans le même mouvement ma chaise sur laquelle je me trouvais assis, pour me relever, posant ma tasse sans douceur sur la table en reprenant la parole un peu en colère. « Non mais ça ne va pas ? » Sa réponse ne se faisait pas tarder, en l’écoutant parler ironiquement avant de me dire que je n’allais pas avoir d’autre choix que de la laisser regarder ou elle irait voir le chef, je savais qu’elle ne plaisantait pas, je connaissais Jacklyn depuis qu’elle était dans cette caserne, et je savais bien qu’elle ne prendrait aucun risque, si un des pompiers était potentiellement affaiblis physiquement. « D’accords, de toute façon je n’ai pas vraiment le choix je crois. »

Je n’avais aucune chance d’empêcher Jacklyn de vouloir regarder ma blessure, le mieux que j’avais à faire si je ne voulais pas prendre le risque d’être obligé d’aller voir un médecin pour reprendre mes fonctions, c’était de la laisser faire sans rien dire et espérait qu’elle ne trouve rien de grave. Je me retrouvais dans le garage, en tee-shirt bien remonté vers mes épaules pour permettre à l’ambulancière de regarder correctement, et autant dire que même si l’hiver était passé et que le soleil commençait à arriver, il faisait encore un peu froid pour avoir envie de me balader torse nu au sein de la brigade. En le voyant partir vers l’ambulance après m’avoir annoncé qu’elle revenait, je remettais mon haut correctement, avant de sortir mon téléphone de la poche de mon jean, je voulais m’assurer que tout se passait bien pour mon fils, j’avais l’avantage de pouvoir le laisser à des amis quand j’étais de garde, mais j’avais ce besoin de m’assurer que tout allait bien, voilà une des raisons pourquoi je n’avais jamais voulu être papa. Au moment où j’appuyais sur envoyer, Jacklyn revenait dans ma direction un tube à la main, je ne savais absolument pas ce que c’était, et pour dire la vérité, je n’avais même pas envie de savoir, la seule chose que j’espérais venant de sa part c’est qu’elle me disait que la douleur que j’avais n’été pas grave et que je n’avais pas besoin d’aller voir de médecin ni même que le chef de la caserne soit au courant. En sentant le froid au niveau de la douleur que j’avais je n’avais pas pu m’empêcher de venir m’avancer légèrement sur le moment, mais rapidement les mains de l’ambulancière venait masser la pommade sur mon épaule, enfin si on pouvait appeler cela masser, à plusieurs reprises j’étais venu serrer les dents, laissant Jacklyn bien appuyer à l’endroit où j’avais mal, en temps normal, je n’aurais eu qu’une envie, l’envoyer sur les roses et prendre le risque qu’elle aille parler au chef, mais j’étais bien conscient que si je n’étais pas prêt à cent pourcents de mes capacités physiques lors d’une intervention cela pourrait être dangereux pour moi et un de mes hommes. Dès qu’elle venait retirer ses mains et repasser devant moi, je venais remettre mon tee-shirt correctement avant d’attraper ma veste et la remettre sur mes épaules histoire de me réchauffer un peu plus rapidement, mon regard venait ce déposer sur elle lorsqu’elle me parlait de la pommade, que je venais prendre dans ma main, son ton était sec et elle m’en voulait certainement de ne pas avoir voulu accepter son point de vue tout à l’heure et toujours trouvé quoi lui répondre, un sourire venait ce dessiner au coin de mes lèvres, venant lui répondre avec une pointe d’humour dans ma voix. « Le problème c’est surtout que je n’ai personne pour m’en remettre dans la soirée. » J’avais depuis mon enfance cette étiquette d’inconscient qui me suivait, de par mon côté impulsif, mais aussi et surtout en ce moment parce que je refusais de faire le deuil de mon petit frère, et je savais très bien que ça pouvait énerver certaine personne comme Jacklyn, ils me demandaient de ne pas jouer au con et d’être l’homme qu’ils connaissaient et bien moi j’avais besoin de temps. Je venais me rassoir sur ma chaise, tournant mon regard vers la jeune ambulancière avant de reprendre la parole. « J’irais voir un médecin, il est hors de question que je mette la vie des autres en danger à cause d’une blessure, la seule chose que je te demande, c’est de ne rien dire au chef tant que je n’y suis pas allé. » Je n’avais aucune envie de me retrouver suspendu le temps des examens médicaux, si je devais me retrouver seul chez moi la journée à tourner en rond en attendant que le temps passe et en repensant à mon frère, j’allais finir par me tirer une balle dans la tête, baissant mon regard au niveau de mes mains qui tenait encore le tube qu’elle m’avait passé, je recommençais à parler sur un ton beaucoup plus calme, en relevant mon visage dans sa direction. « Jack… Merci pour tout à l’heure, j’ai bien compris ce que tu voulais me dire, mais je vais avoir besoin de temps pour l’admettre, je ne suis pas prêt pour le moment de lui dire au revoir. »

Jacklyn avait beau me dire de ne pas tarder parce que plus le temps allait passer et moins ça m’apporterais quelque chose de bon, je ne pouvais pas m’empêcher de rester bloqué dans mon idée, je n’étais pas encore prêt à accepter le décès de mon petit frère, c’était encore trop tôt pour moi pour enfin commencer mon deuil, j’avais encore cette espoir tout au fond de moi qui me permettait de continuer à croire que lors de la prochaine garde j’allais le voir passer les portes de la caserne ses affaires en main et un sourire bien présent comme à son habitude, je ne devrais peut-être pas, j’étais déçu à chaque fois, mais je continuais de me persuader que ça allait arriver un jour. La jeune ambulancière venait quitter la table pour partir dans les couloirs de la brigade, prenant ma tasse en main je me relevais de ma chaise afin de me rendre dans la cuisine, j’arrivais à peine au niveau de la machine à café que l’alarme ce faisait entendre, je stoppais mon geste attendant de savoir pour qui l’appel était destiné, c’est en entendant que seul l’ambulance était demandé que je venais me resservir un café, avant de longer le couloir et venir rejoindre mon quarter office laissant la porte grande ouverte comme à mon habitude, je déposais ma tasse sur mon bureau avant de venir retirer ma veste que je posais sur le lit, ainsi que mon tee-shirt taché par le café que j’avais renversé sur moi lorsque Jacklyn était venu regarder mon épaule. Une fois changé avec un nouveau haut sur mes épaules, je venais m’assoir sur ma chaise mes bras sur le bureau d’attrapais les dossiers que j’avais en retard pour venir m’occuper de faire les rapports que je devais remettre au chef avant la prochaine garde. Depuis plus d’une heure maintenant j’avais le nez baissé sur toute la paperasse, je laissais tomber mon stylo sur le bureau venant passer mes deux mains sur mon visage, je commençais à avoir un peu ras-le-bol de rester enfermé, je me relevais prenant ma veste dans mes mains pour quitter les lieux, c’est en arrivant au niveau du garage de la brigade que je venais l’enfiler, passant juste après ma main dans mes cheveux prenant la direction de l’extérieur afin de souffler un peu, je n’avais pas le temps d’y arriver qu’une personne qui m’était totalement inconnu venait d’entrer, je m’arrêtais au niveau de cette femme en reprenant la parole. « Bonjour lieutenant Ellis, je peux vous aider ? » Il ne fallait pas longtemps pour savoir qu’elle était venu rendre visite à Jacklyn, j’étais venu l’inviter à s’assoir à ma place sur la table de l’équipe des secours qui était déserte pour le moment en lui annonçant que j’allais chercher la personne qu’elle demandait, je savais que les deux filles étaient revenu l’ambulance était là, ma mission était maintenant de retrouver la chef de ce petit bolide. En arrivant dans l’espace de repos après avoir fait la cuisine, les vestiaires et les douches, je remarquais la jeune femme allongé sur son lit en train de dormir un livre dans une de ses mains, je ne pouvais pas m’empêcher de venir afficher un sourire sur mon visage m’approchant d’elle pour lui retirer l’objet qu’elle tenait d’une main pendant que l’autre venait ce déposer sur le bras de Jack. « MacAllister réveilles toi. » Ce n’était peine perdu pour moi, posant le livre sur le côté je venais m’assoir sur le rebord du lit, approchant mes lèvres de l’oreille de Jacklyn avant de reprendre la parole sur un ton sérieux et pourtant avec un sourire plus que présent sur mon visage. « Jack tu viens d’être appelé, ça fait bientôt cinq minutes qu’Erin t’attends ! »

Le fait de venir lui dire qu’elle était appelé en intervention et qu’Erin l’attendait, avait été un moyen plutôt efficace pour venir réveiller Jacklyn, j’avais a peine eu le temps de reculer mon visage qui était près de son oreille qu’elle était venu sursauter, le sourire que j’avais sur mes lèvres ne me quittait pas, surtout après la réaction qu’elle venait d’avoir, je n’avais pas pu m’empêcher de rigoler quand elle était venu me donner une petite tape sur le bras en reprenant la parole. « Oui mais j’aime bien, je trouve ça amusant de t’embêter. » Il était vrai que dès qu’il y avait une connerie à faire pour venir embêter une personne dans cette caserne j’étais bien souvent dans le coup, bon après cela dépendait de l’ampleur de la blague, mais lors des gardes où on avait que très peu d’appel et où les journées pouvaient nous sembler longue il fallait bien s’occuper comme on le pouvait, et puis au moins dans ses moment-là je ne pensais pas à mon frère. Après quelques courtes minutes Jack commençait à reprendre ses esprits, et enfin se réveiller complètement, la preuve en était du silence elle était venu reprendre la parole, à ses paroles je ne pouvais pas m’empêcher d’afficher une petite mine toute triste en venant lui répondre. « Et si en échange de la pommade que tu me mets sur l’épaule, je te fais un massage ça te va ? » J’étais incapable de garder mon sérieux quand je voulais m’amuser comme en ce moment même, c’est pour cette raison que je venais afficher un grand sourire avant de venir rigoler et de passer ma main dans mes cheveux. Après ce petit moment d’égarement où je plaisantais avec Jacklyn, je venais reprendre un peu de sérieux, après tout à la base si j’étais venu la rejoindre et la réveiller ce n’était pas que pour l’embêter. « Il y a une personne pour toi à la table des secours. » J’espérais sincèrement qu’elle n’allait pas me poser plusieurs questions sur cette femme parce que je ne connaissais ni son nom, ni pourquoi elle souhaitait parler à MacAllister et encore moins qui elle pouvait être par rapport à l’ambulancière, la seule chose dont j’étais vraiment sur à cent pourcents, c’était que je ne l’avais absolument jamais croisé de ma vie, ou alors je n’étais pas du tout physionomiste, bien que généralement après avoir rencontré une personne il était rare que j’oublie son visage que ce soit un homme et une femme, surtout les femmes.

« Tu as tort MacAllister, mes doigts font plus de miracle que ceux d’un professionnel et en plus je coute beaucoup moins cher ! » Mon regard était déposait sur la jeune femme, le sourire aux lèvres, je la laissais mettre ses chaussures avant de partir pour rejoindre le garage en m’annonçant une dernière phrase au sujet du prince charmant. Elle pouvait effectivement parler timing, mais aussi de lieu, je connaissais très peu d’homme qui débarquait dans une caserne pour draguer une fille travaillant dans la brigade. Je passais mes mains sur mon visage après le départ de Jacklyn qui était allé à la rencontre de la femme qui l’a demandait, prenant mon courage à deux mains, je me relevais du lit pour traverser le couloir et venir rejoindre le cuisine où je venais me servir une bonne tasse de café, pendant des journées aussi calme comme celle-ci il était difficile de savoir quoi faire à force, et puis en même temps ça m’arrangeais je n’avais pas à forcer sur mon épaule, ou le moins possible et c’était positif pour tout le monde dans cette caserne. Après être resté plus d’une heure le nez dans les papiers, je ne souhaitais qu’une chose, prendre l’air, je me dirigeais droit vers le garage, ma tasse à la main, en arrivant dans la pièce je voyais l’ambulancière en pleine discussion au niveau de la table des secours, rapidement je venais continuer mon chemin pour me retrouver à l’extérieur de la caserne, venant m’assoir sur un des rebords en béton, prenant plusieurs grandes respirations, qu’est-ce que ça faisait un bien fou d’être dehors. Je ne pouvais pas m’empêcher par moment de tourner mon regard sur la gauche, même si je n’avais pas les paroles, je pouvais me rendre compte que la personne qui était venu voir Jack n’était pas la bienvenue ici, le comportement de l’ambulancière n’était pas le sien, c’était le genre de personne que l’on avait juste besoin de regarder si la personne qui était en face faisait partie des gens qu’elle aimait ou non. En la voyant reculer en direction des couloirs, je me relevais, ma tasse en main je venais rentrer dans le garage reprenant la parole. « Jack, il y a un problème ? » Cela n’empêchait pas MacAllister de quitter les lieux, rentrant dans la caserne, je ne savais qui était cette femme, ni même ce qu’elle lui voulait, mais ce qui était sur ce n’était pas des bonnes nouvelles à en voir sa réaction, en arrivant vers cette femme en question, je déposais ma tasse sur la table des secours, avant de poser ma main sur le bras de celle-ci reprenant la parole calmement. « Madame je vais vous demander de quitter la caserne s’il-vous-plait. » Je ne cherchais pas à savoir si elle suivait mes instructions ou non, je venais passer les portes battantes pour longer les couloirs et faire le tour de chacune des pièces de cette brigade, je ne savais pas où Jacklyn était partie ce réfugier, et pour ne pas la louper je faisais le tour complet de chaque lieu. Après plusieurs minutes, la dernière qu’il me restait c’était les vestiaires, en passant la porte je venais regarder a toutes les allées des casiers, avant d’arriver au niveau des douches, aucun rideau n’était tirés et personne à l’intérieur, il ne me restait que les toilettes, en arrivant devant une porte était fermé, m’approchant de celle-ci, je venais frapper doucement deux coups sur la porte en reprenant la parole sur un ton calme. « Hey Jack, tout vas bien ? »

Je voyais Jacklyn sortir des toilettes juste après m’avoir annoncé que ça allait, rien qu’en venant déposer mon regard sur elle je comprenais que ses paroles n’étaient pas sincère, je ne savais pas qui était cette femme ni même qu’est-ce qu’elle avait pu dire à la chef ambulancière du cinquante-et-un pour venir la mettre dans cet état-là, ce n’était pas ses habitudes. Jack était venu me contourner sans dire un mot, entre nous deux il y avait un parfait silence, j’avais attendu quelques seconde et entendre l’eau du robinet couler pour venir me retourner, j’observais la jeune femme dans le miroir qui cherchait absolument à m’éviter, c’était la sensation que j’en avais, je venais froncer les sourcils, c’était bien la première fois depuis que je la connaissais que je la voyais agir ainsi, elle, la jeune ambulancière qui en temps normal n’aurait pas hésité à venir attaquer pour se défendre. « Qu’est-ce que cette femme t’as dis pour te mettre dans cet état-là ? » C’est en terminant de parler que je venais m’approcher de Jacklyn, un peu plus tôt dans la journée, la jeune femme était venu vers moi pour me faire parler et surtout comprendre que mon comportement n’était pas approprié, maintenant les choses allaient s’inverser, c’était en tous les cas ce que j’espérais, il suffisait de voir la jeune femme pour comprendre que cette femme avait chamboulé pas mal de chose pour l’ambulancière. Déposant mes mains sur ses épaules, dos à moi, mon regard se plaçait sur le miroir afin de l’observer, j’avais cette sensation de ne plus reconnaitre celle avec qui je travaillais depuis plusieurs années. « Si tu as besoin de parler tu sais que tu peux me faire confiance. »