La garde d’aujourd’hui avait commencé sur les chapeau de roue, avec un accident sur l’autoroute qui nous avait pris pas mal de temps, entre sortir les victimes des véhicules, qu’elles aillent à l’hôpital et ensuite dégager les voitures accidentés de la route, cette intervention nous avait bloqué sur le terrain un long moment, on venait tout juste de rentrer à la caserne, sortant du camion, je retirais mon treillis avant de prendre ma radio en main et de venir traverser les couloirs, je faisais un arrêt à la cuisine, pour venir me servir une tasse de café, avant de reprendre mon chemin en direction des vestiaires. En arrivant devant le casier de mon frère je venais boire une gorgée de ma boisson avant de la déposer sur le banc et de venir m’y assoir aussi, mon regard restait bloqué sur le nom de Nick sur la porte de son casier, je sortais de mes pensées par les paroles d’une personne que je connaissais, elle ne travaillait pas dans cette brigade, mais plutôt dans la police, plus précisément chez les STUP, je tournais mon regard vers Shawn affichant un sourire sur mon visage, cela faisait un petit moment que je ne l’avais pas vu, la dernière fois remonte à avant les deux explosions. Je reprenais la parole à mon tour, afin de venir lui répondre, j’optais tout comme lui pour un ton ironique, il avait cette particularité de savoir rendre le sourire aux gens, en tous les cas à moi. « Ouai tu m’as grillé, j’aurais essayé de ne pas te voir. » Je le connaissais depuis le lycée, on en avait vécu pas mal des conneries, des bonnes comme des moins bonnes, mais on était toujours ami, même si on se voyait moins souvent qu’avant, j’avais laissé un moment de silence avant de reprendre, plus sérieusement la parole. « C’est difficile de refaire surface depuis les explosions, et toi comment tu vas ? »

Lorsque Shawn était venu déposer son regard sur le casier de mon frère, j’avais suivis son mouvement, il fallait que j’arrive à me motiver de le vider, surtout d’en prendre le courage, mais pour le moment c’était encore un peu trop tôt pour moi, et si je le ferais, il y aurait surement Erin qui viendrait me donner un coup de main. En écoutant mon ami de lycée, je me tournais vers lui, je savais que j’avais de la chance de l’avoir auprès de moi, il était bien présent pour me soutenir dans cette difficile épreuve, sans mon entourage il y a déjà plusieurs jours que je serais parti en vrille et que j’aurais surement réagir comme pendant mes années de lycées, avec plusieurs piqure par jours en espérant oublier mes problèmes. « Merci beaucoup Shawn… Hum dis-moi, juste au cas où on est un cas similaire lors d’une intervention, les effets de cette nouvelle drogue c’est quoi ? » Il avait raison, on n’allait pas parler de boulot, mais il fallait au moins que j’ai cette réponse, et que je le sache, par précaution, je préférais penser à l’éventualité de croiser une personne sous l’emprise de cette drogue et comment savoir que ça concernait celle-ci et pas une autre, vu le nombre de merdre qui tournait dans la ville de Chicago je restais surpris quand j’apprenais que les gens arrivaient encore à en faire venir des nouvelles. J’attrapais ma tasse de café, avant d’écouter ce que Shawn était en train de me proposer, je devais bien admettre qu’une soirée loin de la caserne, et des problèmes quotidien me ferait le plus grand bien, et puis je pourrais laisser le petit à Erin, je la connaissais et je savais qu’elle ne me refuserait pas une soirée. Je me dirigeais hors du vestiaire avec la compagnie de mon ami pour traverser le couloir et nous diriger vers la cuisine afin de pouvoir lui servir quelques chose à boire. « Je suis bien d’accords avec toi, une soirée entre pote, comme au bon vieux temps, je pense qu’il n’y a pas mieux pour booster le moral. En attendant tu souhaites boire quelques choses ? »

J’avais préféré changer de sujet, ne pas parler trop longtemps de mon frère, parce qu’ici dans cette caserne, déjà beaucoup de pompier en parlait entre eux, vu que Nick était un des nôtre, et aussi parce que si je devais en parler avec un de mes amis, ça ne serait certainement pas dans cette brigade, mais dans un endroit où je savais qu’il n’y avait que nous deux et personnes d’autres susceptible de nous entendre et d’intervenir dans la conversation. C’est pour cela que je préférais en savoir plus sur cette drogue, et puis c’était beaucoup plus important de parler de cela que du décès de mon petit frère, on allait surement devoir faire face à des civils ayant pris cette véritable merde, et il me semblait préférable de savoir à l’avance, comment réagir dans ce genre de situation. « Ne t’inquiète pas je vais faire passer l’information à tout le monde, et rassure toi Shawn, si jamais je me retrouve face à un mec qui a pris cette drogue, je t’appel directement. » Il était toujours facile de dire que dans ce genre de situation on agirait comme ceci ou comme cela, je pourrais très bien avoir un tout autre comportement au moment où ça m’arrivera, mais en attendant, je savais ce à quoi je devais m’attendre si jamais on tombait sur une personne qui avait touché à cette drogue. En entendant Shawn me demander pour la énième fois depuis que je faisais partie de cette caserne, à quel heure je terminais ma garde, je n’avais pas pu m’empêcher de rigoler légèrement avant d’attraper une tasse pour y verser du café dedans en reprenant la parole ne même temps. « La seconde garde arrive à vingt heure, le temps de me changer et je pourrais venir te rejoindre. » En terminant ma phrase, je me tournais vers lui en lui tendant la tasse remplis qu’il venait prendre, profitant pour boire juste après une gorgée de mon café, avant de venir m’assoir à la table de la cuisine. Lorsqu’il me proposait de venir avec mon fils, j’étais venu afficher un sourire sur mon visage, jamais je ne m’étais vu papa un jour, encore maintenant pour dire la vérité, mais du jour au lendemain ce petit bonhomme m’était tombé dessus et je n’avais pas d’autre choix que de l’assumer et puis sa présence me permettait aussi de souvent me changer les idées avec lui, et de vivre en colocation avec Erin ne pouvait être qu’un plus pour moi, heureusement qu’elle faisait aussi partie de ma vie. « Je verrais, si Erin peut le garder ce soir ou pas, je sens que ce petit va être aussi chiant que son père. »

En arrivant dans la cuisine de la caserne je venais servir un café à Shawn que je venais lui donner, pour le moment la garde était assez calme et puis je voulais profiter un peu de la présence de mon ami pour discuter avec lui, même si le soir même on allait s’organiser une petite soirée lui et moi. Il avait bien raison de me rappeler ce genre de petit imprévu qui avait beaucoup de chance d’arriver, il arrivait par moment que quelques minutes avant la fin de notre garde la brigade soit appelé sur une intervention qui décale par la même occasion notre heure de fin de garde, ce n’était pas bien méchant, mais je comprenais que Shawn préfère être prévenu. « Pas de problème, si j’en ai l’occasion tu seras le premier au courant du retard. » Assis sur la chaise et ma tasse de café sur la table, je venais rigoler à la remarque de mon ami de lycée, il avait bien raison, tel père, tel fils, bien que j’espérais grandement que sur certains points il ne prendrait pas de moi, mais plutôt de sa mère. J’avais la chance de vivre en colocation avec Erin ma meilleure amie qui en plus de cela acceptait mon petit garçon, et si jamais j’avais besoin un soir de sortir, elle serait là pour s’en occuper, je ne pourrais jamais assez la remercier pour tout ce qu’elle fait pour moi. « Merci mec, mais je dois bien admettre que sans Erin, je serais complètement dépassé. » Attrapant ma tasse de café pour venir en boire quelques gorgées, je venais me rappeler des conneries que l’on avait pu faire Shawn et moi au lycée, on avait été un duo bien catastrophique, enfin pour nous c’était au top, mais pour les autres ça l’était beaucoup moins. « Quand je repense à toutes les conneries qu’on a fait ensemble, j’ai du mal à me dire que le petit con que j’étais est aujourd’hui papa. »

En temps normal, pendant le trajet du camion en direction du lieu de l’intervention, je devrais avoir le temps de passer un message à Shawn pour le prévenir de mon retard, mais il suffisait que ce soit à quelques minutes de la caserne et il m’était impossible de passer le moindre message. Ce n’était pas le genre de chose qui nous empêcherait de faire notre soirée, ça ne viendrait que la décaler un petit peu dans son programme. Erin m’avait beaucoup apporté depuis que je la connaissais, elle était avec moi, il y a vingt ans quand j’avais appris le décès de mon père dans l’incendie, c’était grâce à sa détermination que ses parents avaient fini par accepter de m’héberger, et sans ma meilleure amie à mes côtés, je n’aurais jamais admis avoir un problème avec la drogue et je serais peut-être aujourd’hui encore sous l’emprise de cette merde, et maintenant la jeune femme m’était d’une aide précieuse avec mon fils, j’avais appris que j’étais papa, le jours des deux explosions à la bombe, ce jour-là j’avais perdu mon frère, mais j’avais découvert un fils. J’étais complètement dépassé par les évènements, mais je savais que le soutien que j’avais à la maison était vraiment important et précieux dans ma vie. « C’est vrai, je suis bien d’accords avec toi ! J’ai quand même de la chance qu’elle ne râle pas trop sur les pleures du petit en pleine nuit. » Sur les deux, je pense que j’étais celui d’ailleurs qui s’en plaignait le plus, moi qui aimait profiter de mon sommeil d’une seule traite, de devoir m’habituer à être réveillé en pleine nuit me contrariait beaucoup. Mais les enfants avaient un pouvoir incroyable, moi qui ne m’étais jamais vu dans le rôle de père, qui avait toujours refusé l’idée d’avoir un jour un bébé, et bien depuis que j’avais pris mon fils dans mes bras, il était hors de question qu’il sorte de ma vie, pour lui je serais prêt à mettre ma vie en jeu, et même si j’avais beaucoup de mal à tout gérer, je n’imaginerais pas une seule seconde, continuer ma vie sans être son père. « Tu me connais, je ne suis pas capable de rester avec une femme, je ne peux pas m’empêcher d’aller voir ailleurs, c’est plus fort que moi ! … Mais bon on arrête pas de parler de moi, et toi alors quoi de neuf, à part le boulot ? »

Shawn avait grandement raison, je connaissais très peu de personne qui aurait été capable en colocation d’accepter que du jour au lendemain l’autre arrive avec un bébé de trois mois, que pendant plusieurs jours du coup ça aura été le grand moment de panique le temps de trouver tout ce qu’il fallait pour l’enfant, et ensuite subir les inconvénients des parents sans être justement le père ou la mère de ce petit. Je ne parle même pas des pleurs et des couches sales, et pourtant Erin répondait présente, elle me soutenait et pour le moment elle n’était pas venu se plaindre, si jamais cette situation la gonflerait je chercherais un appartement pour mon fils et moi, mais pour le moment la question ne se posait même pas. « Erin a toujours été quelqu’un de bien, sans elle je ne serais peut-être pas ici aujourd’hui. » S’en était même sûr, mais bon ce n’était pas le moment de repenser au passé, il valait mieux se tourner vers l’avenir ou encore mieux le présent, depuis que Shawn était arrivé on avait principalement parlé de moi, et la seule chose qui l’avait concerné était la nouvelle drogue qui circulait dans les rues de Chicago, je souhaitais maintenant en savoir plus concernant sa petite vie, après les explosions des bombes je n’avais pas vraiment été l’ami présent à prendre des nouvelles et me soucier de savoir si ça allait ou non, mais aujourd’hui il était là avec moi et je voulais savoir comment il allait. Je comprenais son point de vu, ça ne devait pas être facile de voir son entourage doucement avoir des enfants alors que lui n’en a pas et n’a pas la personne avec qui les faire, il était comme moi, difficile pour lui de vivre une relation sérieuse, mais l’envie de fonder un jour une famille faisait partie de ses projets à la différence de moi, parfois les choses étaient bizarrement faire, moi qui ne m’étais jamais imaginé en tant que père l’était maintenant et Shawn qui était pour vivre la paternité un jour, ne l’était pas. « Ça viendra je n’en doute pas une seule seconde. En ce qui concerne la mère de tes futurs enfants, ne t’inquiète pas, je suis sûr que tu vas la trouver, il doit bien y avoir deux femmes dans ce monde qui devraient être capable de nous donner envie de ne plus aller voir ailleurs. »