Depuis 10 jours, j’avais beaucoup de mal à gérer mon travail. Avoir perdue Grace, ma meilleure amie, c’était un cauchemar. Je me sentais comme si je l’avais laissé mourir devant moi. Elle m’avait supplié de ne pas l’aider et c’est ce que j’avais fait, comprenant qu’elle venait de perdre son enfant de l’autre côté ou tout avait explosé. J’étais la seule à savoir cela et chaque fois que je voyais son mari, c’était un couteau tranchant qui me transperçait le cœur. Ces évènements avaient chamboulés non pas seulement ma vie, mais la ville de Chicago au grand complet. J’étais assise, seule dans mon bureau à regarder ce cas dont j’avais eu la responsabilité avant l’explosion de terminer. Je devais trouver ce qui s’était passé. La planque d’un homme de la mafia, qui se trouvait à être un bar, avait pris feu pendant une nuit et la cause de cette affaire n’était pas résolue encore. D’un côté, j’étais bien heureuse, car je savais que beaucoup de transactions ce faisaient en arrière de ce bar, mais d’un autre côté, c’était mon devoir de savoir qui en était la cause. J’avais passé la matinée à interroger des témoins et c’est lorsqu’il me dit avoir entendu quelqu’un appeler un homme du nom de Michael qui sortait du bar que je levai un sourcil. Il m’expliquait qu’il portait un manteau de la caserne de pompier et qu’il était sorti du bar un peu avant le début des flammes. Ironique non? Un pompier sortant d’un bar et quelques minutes plus tard, celui-ci s’enflamme jusqu’à en laisser que de la poussière. Je fis quelques appels pour savoir dans quel caserne se trouvait un Michael et c’est à la caserne 51 que je me rendis. Je connaissais le chef de cette caserne depuis déjà quelques années. Arrivant sur les lieux, j’entrai par le garage qui était ouvert. J’étais habillée en civil, mais j’avais tout de même mon badge ainsi que mon arme. J’approchai un des camions ou se trouvait un homme.

« Bonjour, je suis à la recherche d’un certain Michael Ellis, est-ce qu’il est de service en ce moment? »

L’homme me regarda de la tête au pied. Décidément, ils ne voyaient pas de femmes entrer ici bien souvent. Lorsqu’il me pointa la table qui, à mes souvenirs de visites ici, était celle de l’équipe de secours, je marchai d’un pas décidé vers la table.

« Qui d’entre vous est Michael Ellis? »

Lorsque je le vis, je pris un air sympathique, mais sérieux tout de même. J’étais ici pour l’interroger et non pour faire la conversation.

« Puis-je vous parler une minute? »

Je me retirai vers l’extérieur de la caserne avec celui-ci. Je ne voulais pas que tout le monde entende ce que j’avais à lui dire. Me retournant de nouveau, je le fixai droit dans les yeux. Il n’avait pas l’air du genre à être un criminel, mais je ne devais pas m’attarder à cela.

« Mon nom est Katherine Croft, lieutenant de la criminel à Chicago. J’aimerais vous poser quelques questions sur l’incendie du bar sur le 4ème, survenu il y a environ 1 mois. »

Après les évènements d’il y a 10 jours, j’avais pris un ton très doux, car je savais que tous les pompiers de la ville étaient aussi secoués que nous au poste de police.

Étant maintenant dehors avec ce Michael, je me présentai calmement. Je n’avais jamais vu ce pompier auparavant et il me paraissait à premier coup d’œil d’un homme bien et…séduisant, je devais l’avouer. Il paraissait très compréhensif et voulait bien répondre à mes questions. Lorsqu’il me demanda par contre l’adresse pour ce souvenir de l’intervention qu’il avait fait, je fronçai les sourcils. « Ce n’est pas une intervention que vous avez fait, mais une soirée que vous avez passé là-bas. Nous sommes à la recherche de la cause de cet incident et un témoin m’a expliqué vous avoir vu sortir de ce bar un peu avant que l’incendie se déclenche. » Je sortis alors une carte du bar. Il y avait le nom et l’adresse ainsi que le logo. Je lui tendis pour lui montrer. Je lançai un regard vers l’intérieur. Les pompiers nous regardaient de loin, probablement à se demander ce que je voulais bien vouloir à l’un des leurs. « J’aimerais savoir s’il y aurait un endroit à la caserne ou nous pourrions discuter calmement et sans interruption M. Ellis. » J’étais toujours très professionnelle lorsque venait le temps de faire mon travail. Lorsqu’il me montra le chemin vers l’intérieur de la caserne, je le suivis en silence. Je devais l’avouer, l’ambiance de la caserne n’était pas ce dont je me rappelais, mais je me disais bien que les attentats qui avaient eu lieu faisait partie de ce sentiment que je ressentais en marchant dans les couleurs silencieux. Je croisai alors le chef dans la caserne. « Lieutenant Croft! C’est une belle surprise de vous voir ici! Que pouvons-nous faire pour vous aujourd’hui? » Je serrai la main du chef en souriant. Je me devais d’être sympathique même si mon sourire était très difficile ces jours-ci. Je lançai un regard à Michael qui semblait un peu surpris de voir le chef aussi enthousiaste de me voir. « En fait, ce ne sera peut-être pas une belle surprise comme à son habitude chef..J’ai quelques questions pour M. Ellis. Avez-vous une salle ou je pourrais être tranquille? » J’aperçus le chef lancer un regard interrogateur au pompier. J’étais quelqu’un qui observait beaucoup les gens. Je savais que le chef n’allait pas tout simplement me laisser seule à interroger son homme. « Kate…de quoi s’agit-il? » Soupirant, je fis signe au chef de se diriger vers son bureau. Je crois que c’était la meilleure chose à faire. Arrivée, je restai debout, alors que je me faisais presque dévisager par les deux hommes. « Je ne vais pas passer par quatre chemin. Je suis sur le cas de l’incendie du bar sur la 4ème survenu il y a un mois et nous recherchons le responsable. Notre seule piste pour le moment est un témoin qui me dit avoir vu Lieutenant Ellis sortir des lieux quelques minutes avant que l’incendie se déclenche. Il me disait qu’il avait un air plutôt suspect. » Je savais qu’après avoir dit cela, je ne serais pas la personne la plus aimée de la pièce.

Je ne voulais surtout pas le brusquer. Cependant, il n'y avait pas d'autre façon d'expliquer ma venue a la caserne. J'avais le regard surpris du chef ainsi que le regard froid de Michael. Je soupirai tranquillement. Je pouvais entendre le son de Michael alors qu'il répliquait à mes paroles d'un ton que je n'aimais pas du tout. Je vins pour reprendre la parole, mais le chef s'imposa avant moi. "Kate, tu dois avoir plus de preuves que ça pour accuser un de mes hommes!" Soupirant de nouveau, je pensai à la façon dont j'allais répondre. Mon regard se posa sur le chef, puis sur le pompier. "Je ne suis pas ici pour accuser personne, je ne fais que mon travail. C'est la seule piste que j'ai et pour l'éliminer, je dois savoir ce que vous faisiez ce soir là. Vous savez la procédure, ça me prend un alibi." J'avais un regard très sérieux. Effectivement, je n'allais pas être très aimée et surtout, avec les évènements qui s'était passés ces derniers jours, je n'étais pas d'humeur à me prendre la tête. Je restai debout en observant les deux hommes. J'avais une de ces migraines qui commençait. Cela m'arrivait chaque jour depuis l'explosion. Passant une main dans mes cheveux, je repris la parole. "Écoutez, je ne suis pas venue me prendre la tête, je ne cherche que des réponses. Je ne veux pas prendre plus de votre temps ici. J'aimerais simplement que vous passiez au poste d'ici demain avec votre déposition de cette soirée là." Je m'approchai du chef pour lui serrer la main. La migraine empirait à la seconde. Je serrai la main du lieutenant avant d'ouvrir la porte et sortir du bureau. J'avais pu remarqué que Michael avait reconnu l'endroit en regardant la carte, j'avais pu voir son regard changer. Arrivant dans le corridor, j'acotai ma main contre le mur en mettant l'autre sur mon front. Mais qu'est-ce que j'avais?? Ce mal de tête devenait insupportable, je me devais de partir...

Je n’acceptais pas de me faire parler sur ce ton alors que pour ma part, je restais respectueuse. J’avais lancé un regard noir au pompier. Ce que je faisais ce soir-là il y a un mois? Je m’en souviendrai toujours. « Oui, je m’en souviens, j’étais à un rendez-vous à l’hôpital avec ma collègue de travail, car elle allait bientôt accouché et aujourd’hui, elle n’est plus parmi nous! Alors oui, je me souviens ce que je faisais ce soir-là. » J’avais changé d’air totalement. Le chef avait ramené à l’ordre son homme et il avait bien fait. Depuis tous les évènements, j’avais la mèche très courte en ce qui concernait ma patience. Je faisais mon possible pour être calme, mais ce genre de remarque, je ne pouvais pas entendre cela maintenant. J’étais maintenant sortit du bureau après avoir expliqué mes intentions. Ma migraine me tuait en ce moment. Les images de ma collègue étaient revenues et je détestais me sentir ainsi. En m’accotant sur le mur, prenant ma tête, j’essayais de respirer. Je sentis alors une main se déposer sur mon épaule alors que la voix du lieutenant retentissait dans ma tête, me demandant si j’allais bien. Je me redressai pour pouvoir lui faire face, mon regard se posant dans le sien. « Oui hmm…j’ai beaucoup de migraines ces jours-ci…j’étais…enfin, j’étais à l’hôpital avec ma collègue qui venait d’accoucher lorsque la bombe a explosé et depuis…les migraines ne cesse d’arriver chaque jour, c’est…insupportable. » Pourquoi je lui expliquais ma vie moi? Il était mon principal suspect dans cette affaire. Je me devais de rester professionnelle en sa présence. Il n’avait pas du tout l’air de quelqu’un qui ferait prendre un bâtiment en feu, mais je savais qu’il connaissait cet endroit et étant ma seule piste, je devais le traiter comme n’importe qui. Par contre, regardant dans ses yeux, je ne pouvais m’empêcher de me dire que j’étais peut-être sur la mauvaise piste. « Pardonnez-moi pour tout à l’heure, je ne voulais pas vous faire sentir coupable de quoi que ce soit. Je tente simplement de trouver des pistes et surtout de trouver qui aurait pu faire cela. Pas évident de reprendre de vieux dossiers qui ont été mis à l’écart suite à…vous savez… »

Alors que je lui demandais de m’excuser pour tout à l’heure, je me relevais droite tranquillement. Il me demanda alors de me suivre et il m’aida à me rendre un peu plus loin, probablement dans sa « chambre » de la caserne. Je marchais tranquillement, car la migraine affectait ma façon de marcher. J’avais tellement mal! Lorsque j’arrivai, il me fit m’asseoir sur son lit et me donna une bouteille d’eau. Je sortis alors les deux sortes de cachets que les médecins m’avaient prescrits. Je les pris en prenant une gorgée. Il s’assit alors devant moi, s’excusant de son comportement envers moi. « Ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude de ne pas me faire aimer, car après tout, qui aime vraiment la visite de l’unité criminelle? » J’eus un petit sourire en coin. Après tout, je devais rester sympathique tout de même. Malgré que je pouvais être une policière féroce, je pouvais me montrer gentille et compréhensive. Je repris une gorgée d’eau, espérant que les cachets fassent leurs effets bientôt. Il se mit alors à me parler de son passé en m’avouant qu’il n’était pas un exemple, mais que oui, il était allé dans ce bar, mais la dernière fois était à ses 18 ans et à le regarder, il était certain qu’il n’avait pas 18 ans. Effectivement, j’avais lu son casier judiciaire et oui, il était le suspect parfait. Par contre, le fait qu’il m’explique tout cela me faisait réfléchir. Je l’observai droit dans les yeux alors qu’il me parlait. Lorsqu’il termina, je soupirai. « Effectivement, j’ai lu votre dossier. Je dois avouer qu’il est assez bien remplit pour un pompier. Par contre, ce n’est pas l’important. Nous avons tous notre dose du passé, moi la première. » Si seulement il savait comment je comprenais. Après tout, j’avais été une ancienne junkie, venant d’une famille de drogué, mise en famille d’accueil et un frère en prison. Le passé ne décrit pas nécessairement le présent. « Autant que j’ai l’impression que vous n’avez rien à voir de cette histoire, que vous êtes ma seule piste. J’aimerais tout de même que vous passiez au poste demain. J’aimerais en avoir le cœur net. Au fait…merci pour la bouteille d’eau… » Je restai un peu silencieuse, repensant à toute cette histoire. Je savais que le témoin avait vraiment confirmé que c’était lui, mais ça ne collait pas. C’est après quelques secondes que je commence à entendre des voix hausser le ton dans le corridor, se dirigeant vers ici. Voyant mon équipe l’autre côté de la fenêtre qui ouvrait la porte, je me levai directement en les regardant d’un regard noir. « Mais qu’est-ce que… » Voyant mes hommes appréhendé Michael en lui expliquant qu’il était en état d’arrestation pour interrogatoire et tout le blabla qui venait avec cela, je me dirigeai vers mon collègue. « Tu peux bien me dire qu’est-ce qui se passe!! Et surtout pourquoi ne suis-je pas au courant?? Tu vas derrière mon dos maintenant?? » Il m’ignora et menottant Michael, il se dirigeait pour sortir de la pièce. Je me mis en avant de la porte. Je le regardais droit dans les yeux. « Kate, le témoin a parlé, il a signé une confession et veut témoigner pour confirmer que c’est lui, nous n’avons pas le choix. » Cela ne faisait aucun sens du tout. Je tournai mon regard vers Michael. Qui croire? L’homme devant moi qui me paraissait loin d’un criminel, ou les preuves à l’appui? Je me retirai de la pièce, me dirigeant vers le chef et les autres. « Je suis désolé, je n’étais pas au courant que cela allait arriver, mais je vais élucider cette affaire…vous me connaissez chef…faites-moi confiance. »

Je n’arrivais pas à croire ce qui se passait. Qu’est-ce que le témoin avait bien pu dire pour créer une situation de la sorte. Je regardais le pompier se faire emmener et lorsque je suivis mes hommes, après avoir parlé au chef, je pris les clés des mains de mon collègue. Son regard se posa sur moi. J’avais un regard noir. « Essaie de m’arrêter juste pour voir. » Je me dirigeai d’un pas rapide vers Michael qui était devant moi et je pris ses mains, débloquant les menottes. « Je…je ne sais pas ce qui se passe. Mais une chose est certaine, que ce soit vrai ou non, je trouverai la bonne réponse…fait-moi confiance… » Prenant mon téléphone de ma poche, je continuais de marcher hors de la caserne entre Michael et Adam, qui était non seulement mon collègue, mais mon meilleur ami en dehors du travail. « Chef, c’est Croft, vous pouvez me mettre au courant des avancements de MON enquête ?? » Il m’expliqua alors la situation plus en détail avec le témoin. Il avait apparemment dit avoir des preuves à l’appui de son témoignage. Mon regard se leva donc sur Michael à cet instant alors que je continuais à écouter ce qu’il me disait. « Bien chef. » Raccrochant, j’embarquais dans ma voiture pour suivre mon équipe et Michael jusqu’au poste.

Arrivée au stationnement, je débarquai en regardant mon équipe. Si ce que le témoin disait était vrai, ce pompier me menait en bateau depuis le début. Malgré ma réticence, je devais faire mon boulot. Une chance pour moi, cette migraine commençait enfin à diminuer. Je repris un air très strict en entrant au poste. « Johnson, Stewart, emmenez-le à la salle d’interrogatoire 1, je vais l’interroger moi-même. » Je lançai alors un regard neutre et froid à Michael. Je devais en avoir le cœur net et je savais que peu importe ce qu’il avait l’air, les apparences pouvaient être trompeuse en tout temps. J’avais appris cela de la manière forte, malheureusement. Montant à l’étage, je vins déposer mon veston et longeant le corridor, je me dirigeais vers la salle ou Michael avait été installé. Adam m’apporta la confession du témoin ainsi que le dossier de preuve. « Vous êtes sur de ces informations? » Mon regard s’agrandit soudain en regardant les preuves. Les photos montraient une transaction de drogue. Michael était de côté sur la photo qui avait été prise en pleine nuit. Son visage n’était pas assez clair pour une authentification à 100%, mais il lui ressemblait beaucoup et la carrure concordait. Serrant les dents, j’espérais me tromper, mais une chose était certaine, j’allais le faire parler. J’entrai alors seule dans la salle d’interrogatoire. Je déposai un peu trop brutalement le dossier sur la table devant le pompier qui me regardait. Le dossier s’ouvrit un peu et je m’accotai contre le rebord de la table, plongeant mes yeux droit dans les siens. « Explique-moi ça! Maintenant! »

Je l’observais droit dans les yeux alors qu’il m’assurait ne pas y avoir retourné depuis ses 18 ans. Pourtant, ces photos lui ressemblaient beaucoup trop pour être une coïncidence. Son argument du fait que les photos n’étaient pas lui et que cela pouvait être n’importe qui d’autre, je devais l’avouer, pour ma part, ce n’était pas assez, mais pour mes supérieurs, apparemment, c’était assez pour l’inculper. Je restai un petit bout de temps-là, à le fixer droit dans les yeux, ne disant pas un mot. Il n’avait pas le profil de quelqu’un à problème, pas aujourd’hui. Cependant, je savais que mes supérieurs se basaient sur son passé. « Je reviens » Je sortis pour aller derrière la vitre voir mon chef. « Ce n’est pas lui. » Le chef commença alors à me dire que je n’avais pas de preuve que ce n’était pas lui. Une chose sur moi, j’allais beaucoup avec l’instinct et je ne me trompais jamais. Il me dit que sauf si on trouve quelque chose, il va aller en prison. Serrant les dents, je revins environ 5 minutes plus tard dans la salle. Je pris une chaise pour m’asseoir en face de lui. « Dites-moi, est-ce que quelqu’un du temps de vos 18 ans vous en voudrait encore aujourd’hui pour une raison X ? Que ce soit une raison importante ou stupide? » Malheureusement, je ne pouvais pas divulguer le nom de notre témoin, par contre, en sachant s’il y avait un passé entre les deux, je pourrais trouver ce qui cloche. Je ne voulais surtout pas arrêter officiellement quelqu’un d’innocent, encore moins un pompier avec une belle réputation au sein des casernes. Je me penchai alors vers lui pour lui murmurer quelque chose, car je savais que j’étais occupée. « J’ai besoin de savoir, car si je ne trouve rien, je ne pourrai rien faire pour toi, tu dois te rappeler et me dire ce dont tu te souviens. Avec ton casier, mes supérieurs ne voient que ça. » Mon cellulaire sonna à la fin de ma phrase. « Croft!! Ça suffit, nous n’avons aucune preuve que ce ne serait pas lui, reviens, c’est terminé. » Je ne pus placer aucun mot que je raccrochai, me levant et prenant le dossier.

Alors que je vins quitter la pièce, le lieutenant me retint par la main. Ses paroles me donnèrent ce qu’il fallait pour pouvoir continuer mes recherches. Il avait cependant raison, pourquoi le propriétaire mettrait feu à son établissement? Hochant de la tête, silencieuse, je quittai la pièce. Je me dirigeai vers mon supérieur, mais je me fis arrêter par le chef. Il voulait que je laisse Ellis partir, car je manquais de preuves. « Chef, je sais ce que vous me demandez, mais en ce moment, c’est impossible et hors de ma juridiction. Je tiens à dire que ce n’était pas mon idée de l’emmener de cette façon, c’est plus haut que moi. Je fais ce que je peux pour trouver le fond de cette affaire au plus vite. » Je savais que cela n’allait pas plaire au chef comme réponse, mais c’est tout ce que j’avais comme idée pour le moment. Mon supérieur arriva et je le fixai droit dans les yeux. « On a rien de valable sur lui pour le garder ici. Je conseille de le relâcher jusqu’à temps que je finisse de vérifier le tout. » Bien sûr, mon supérieur n’allait jamais accepter une telle proposition. Soupirant, je me mise à penser pendant que les deux chefs s’affrontaient. Le témoin n’était pas le propriétaire du bar, mais il était un habitué. Je décidai alors d’aller parler au propriétaire pour demander s’il y avait un « background » entre ces deux-là.

Revenant au poste de police 1 heure après, j’entrai en trombe dans le bureau du chef. « Vous pouvez me dire qui n’a pas fait son travail?? C’est ce que ça donne de ne pas me laisser faire et passer derrière mon dos! Personne n’a parlé au propriétaire du témoin et M. Ellis! Ils ont un passé assez mouvementés! Ce qui annule le témoin, car sa déposition n’est pas objective du tout! » Sans attendre une réponse, je repartis en claquant la porte pour me diriger à la salle d’interrogatoire. Entrant, le lieutenant était encore là. « Lieutenant, vous allez pouvoir repartir. » Je n’en dis pas plus. Je ne pouvais pas lui révéler qui c’était, mais je pouvais le laisser partir, car les preuves n’étaient pas suffisante. Je laissai la porte ouverte pour quitter la salle en sa compagnie. « Nous avons trouvés de nouvelles informations et je crois que cela va entrer en jeu, car de ce que j’ai su du propriétaire, il y a un passé entre vous et le témoin. Vous pouvez me dire si vous avez quelqu’un d’autre qui vous en voudrait de ce temps-là? Que ce soit à propos de la drogue ou encore une femme ou autre raison? » Je savais que la raison d'une femme pourrait être stupide, mais j'avais vu de pire coup pour moins que ça. Je savais que cela n'allait probablement pas être facile pour lui, car après tout, il me ressemblait en quelque sorte. Il voulait oublier son passé, tout comme moi.

Je continuais de marcher avec le lieutenant Ellis, alors qu’il m’expliquait que côté drogue, ce n’était que le propriétaire qui lui en voudrait. Comme le propriétaire m’avait dit, ceci s’est passé il y a tellement longtemps, il n’y avait pas de rancune ou quoi que ce soit. Le sujet des femmes arriva, mais il m’expliqua qu’étant trop défoncé dans ce temps-là, il ne pourrait jamais se rappeler des détails. Je comprenais cela totalement. Continuant de marcher avec lui, je lui répondis tranquillement. « Je comprends que vous ne vous en souveniez pas…à cet époque, j’étais dans le même bateau… » Continuant de marcher, je croisai mon collègue Adam, celui qui avait arrêté Ellis. Je lui lançai un regard noir. Malgré qu’il fût mon meilleur ami, je n’arrivais pas à croire qu’il avait oublié d’aller parler au propriétaire à propos du témoin et Ellis. Pourtant, cela aurait été mon premier réflexe. Après on me demande pourquoi je ne fais confiance en personne. Je suis la meilleure à mon travail, car je pense à tous ces détails. Je sortis de mes pensées à la question de Michael. « C’est moi…je croyais que cela avait été fait et en relisant le dossier, je me suis aperçu que personne n’avait posé les questions que je voulais lui poser. » J’eus un petit sourire en coin, arrivant à l’entrée du poste. Je devais trouver le coupable et je savais à l’intérieur de moi-même que ce n’était pas lui, mais je n’en avais pas la confirmation et je ne l’aurais pas tant et aussi longtemps que je ne trouvais pas la réponse. « Eh bien...allez-vous reposer, je vous contacte demain. Et…s’il vous plaît…ne me faites pas regretter ce que je viens de faire et ne quitter pas la ville… » J’eus un second sourire en coin à ma remarque. Je savais qu’il ne le ferait pas, mais je n’avais pas le choix de demander ceci.

Deux jours venaient de passer lorsque je réussis enfin à avoir mes informations. Ce que j’avais su sur le témoin me rendait folle de rage. Comme je le croyais, la raison de tout cela était une vengeance. Ce n’était pas tout, c’était à cause d’une femme! Quelle stupidité les hommes avaient parfois! J’arrivai à la caserne, sachant que je ne serais probablement pas très bien accueillit, malgré que j’essayais tant bien que mal d’aider cet homme. Je n’étais pas censé faire ce que j’allais faire, mais j’en voulais le cœur net. Arrivant dans le garage, j’aperçu le lieutenant à la table habituelle. « Lieutenant Ellis? Je peux vous parler? »

Quelques secondes après que j’étais entrée dans le garage, les hommes et femmes qui y étaient me regardaient tous et toutes de travers. Bien sûr, je n’étais pas la bienvenue maintenant, car je m’en étais prise à un des leurs. Ignorant leurs regards, je m’étais approchée d’un pas décidé à la table du lieutenant Ellis qui se retourna directement vers moi. Il accepta de venir me parler et me demanda de le suivre. Je commençai donc à marcher à ses côtés alors que je sentis une main, la sienne, sur mes épaules. Cependant, cela ne dura que quelques secondes qu’il enleva sa main. Nous passions pièce par pièce pour aller au fond et tout le monde avait l’air à vouloir me jeter dehors au plus vite. J’eus un petit sourire en coin. « J’en conclue que je ne suis plus tellement la bienvenue ici à ce que je vois… » Entrant dans la pièce qu’il me montra, je vins me retourner pour lui faire face alors qu’il me demandait ce qui se passait. Prenant une respiration, je me lançai tranquillement. « Ce que je vais faire, je ne suis pas censée, mais…je dois en avoir le cœur net. Pouvez-vous venir faire un tour en voiture avec moi? Je dois vous montrer quelque chose. Par contre, ça doit rester entre nous. » Je le regardais droit dans les yeux. Je savais qu’il allait me poser des questions sur ce que je venais de dire. Ne prenant pas le temps d’attendre sa réponse, j’enchainai doucement. « Je vais vous montrer qui est le témoin. Ce que j’attends de vous, c’est de savoir exactement au moment où vous le verrez de loin, pourquoi il vous en voudrait. J’ai tendance à suivre mon instinct, malgré les règles… » J’étais persuadée qu’il était innocent et je me ferais probablement mettre dehors s’ils s’avaient ce que je faisais dans leur dos au poste. Je me dirigeai alors vers la porte, l’ouvrit pour le laisser passer pour ressortir directement par ou je suis entré, sans parler à qui que ce soit pour ma part. Je me dirigeai vers ma voiture, qui n’était nul autre qu’un mustang gris avec des lignes noir sur le dessus. Il était hors de question pour moi de prendre une voiture de police. Démarrant, je commençai à conduire vers le parc ou j’avais vu le témoin en m’en venant. À une lumière rouge, je tournai mon regard vers lui. « Je veux que vous me promettiez, quoi qu’il arrive, de ne pas descendre de cette voiture… » Effectivement, je risquais mon boulot pour mon instinct en ce moment...

Je savais que le fait de partir avec le lieutenant Ellis, sans rien dire allait élever des questions auprès de son équipe. Les connaissant, soit ils vont penser que je l’embarque de nouveau, soit ils vont s’inventer des scénarios de toute les sortes à mon sujet. Je ne fis pas vraiment attention à son équipe, me dirigeant vers mon véhicule en silence. Lorsque je m’arrêtai pour lui demander de ne rien faire d’impulsif, il me confirma qu’il ne ferait rien pour me mettre dans une mauvaise situation. La lumière tournant verte, je me remise à conduire vers le parc qui était tout près. « Je sais que vous devez penser que je suis assez étrange comme flic, mais…je suis la meilleure car je suis mon instinct, ce qui ne va pas nécessairement avec les règles… » Je me stationnai de l’autre côté de la rue du parc. J’éteignis le moteur et je regardai vers le parc. L’homme était toujours là, à parler au téléphone près d’un banc. Sans détourner mon regard de celui-ci, je m’adressai à Michael. « C’est l’homme au téléphone avec la veste grise. Vous savez qui il est? Qu’est-ce qui s’est passé entre vous deux? » Je me retournai pour regarder le lieutenant. Son regard voulait tout dire. Définitivement, mon 6ème sens ne me faisait pas défaut. Par contre, j’espérais vraiment qu’il tienne sa promesse en ne faisant rien de stupide. Si quelqu’un savait que je faisais cela, je pourrais perdre non seulement mon poste de lieutenant, mais je perdrais mon boulot point à la ligne. « J’ai remarqué lorsque je l’ai interrogé qu’il avait l’air très…Rancunier dans ses paroles… »

Je restai là, pendant un bon moment, en silence, à observer l’homme dans le parc. J’observais chaque mouvement, chaque mimique. Il ne fallait pas qu’il me voit avec le lieutenant, car ça en était finit pour nous deux. Alors que le témoin s’en allait de l’autre côté du parc, je démarrai la voiture pour tourner le coin et le suivre tranquillement, avant de me stationner de nouveau, écoutant ce que le lieutenant avait à me dire sur tout ça.

Alors qu’il confirmait que le mot rancunier n’était pas assez pour décrire ses actes, je levai un sourcil. Mais qu’est-ce qui avait bien pu arriver entre ces deux-là. Alors que je m’arrêtais de nouveau pour observer le tout, le lieutenant Ellis m’avertit qu’il avait été l’amant de sa femme. Je me retournai en roulant les yeux en le regardant. « Je savais que ce serait une stupidité du genre…définitivement, mon instinct ne se trompe jamais. » Les hommes pouvaient parfois être tellement cons! Un feu, un faux témoin et une victime, tout ça pour une histoire de mecs…c’était ridicule. Soupirant, je secouai tranquillement la tête. Je n’avais pas de temps à perdre à des conneries du genre. Il m’expliqua alors qu’il avait su qu’elle était mariée simplement le jour où il les trouva dans un lit ensemble. Bien sûr, le classique, la femme ignorante et stupide qui ne dit rien pour se taper un autre homme. Ce monde me désespérait de plus en plus. Ce n’était pas pour rien que je n’étais pas en couple et que cela ne m’intéressait pas. Il n’y a tellement plus de valeur dans ce monde. Je fixai alors le lieutenant. « Eh bien, je crois qu’il l’a mal prit que vous faisiez une partie de jambe en l’air avec sa femme! Au moins, maintenant je sais tout. Cela devrait se régler dans les prochains jours. » Prenant une grande respiration, je sentais une rage entrer en moi. La seule chose dont j’avais envie était d’aller parler à cet homme et lui faire comprendre son ignorance de la manière forte. Nous étions assez seuls en ce moment, personne aux alentours. Je déposai mon badge et mon arme dans la voiture et lança un regard au pompier. « Je reviens. » Je débarquai de la voiture, lui faisant signe de rester là. Me faire perdre mon temps alors que des bombes explosaient dans la ville, c’était complètement inacceptable. J’arrivai derrière l’homme qui était encore au téléphone. « Si ce n’est pas le pyromane en personne! » Il se retourna tellement vite que je me reculai d’un pas. Lorsqu’il me vit, il ouvrit grand les yeux et raccrocha. « Lieutenant Croft..mais qu’est-ce que.. » Il ne put finir sa phrase qu’il reçu mon coup de poing en plein visage. Il recula de quelques pas, me menaçant de me balancer au flic pour me faire suspendre. « Je ne vois ni badge, ni arme, simplement une femme qui donne une correction à un homme qui n’a rien d’autre à faire que de mettre ses actions sur le dos d’un autre. » Je voyais qu’il commençait à perdre patience et en le voyant se préparer à me donner un coup de poing, j’esquivai rapidement. « Ne me cherche pas, tu vas avoir ce que tu mérites et n’essaie même pas de te défendre, car nous savons la vérité maintenant. » Je me retournai en lui lançant la main et sans me retourner, j’ajoutai quelques mots. « Oh et…ne quitte pas la ville..je te retrouverai très facilement… »